Liberté d’Expression et Autocensure : quelle place dans les médias ?

Organisé le lundi 18 Février 2019 au tiers-lieu numérique Cobalt, la 16ème édition des Débats de la COM’ a été dédié au thème de la place de la liberté d’expression et l’autocensure dans les médias. Pour aborder ce sujet, Philippe Bonnet, journaliste de la rédaction Nouvelle République et Centre presse, Philippe Chadeyron communicant pour, entre autres EDF, VINCI et RONEO et Jean-Philippe Gautier en poste à Chérie Poitiers ont partagé leurs expériences de journalistes. Dominique Breillat, juriste, a apporté les connaissances nécessaires liées aux législations qui régulent la liberté d’expression.

Là où la liberté d’expression est la possibilité de s’exprimer selon nos envies (rapporter un fait, exprimer une opinion…), diffamer et injurier sont régis et punis par la Loi du 29 juillet 1881 relatif à la Liberté de la Presse.

Depuis, la liberté d’expression subie de plus en plus de restriction, mais le paysage médiatique connaissant de multiple mutations, s’exprimer devient de plus en plus facile.

Lors de ce débat organisé par Com’Unity, les intervenants se sont intéressés aux cas où les journalistes choisissent de taire un fait ou une opinion.  On parlera ici d’autocensure, une pratique plus ou moins consciente qui consiste à appliquer à soi-même une censure.

L’autocensure comme forme de responsabilité

Pour le cas d’un journaliste, la liberté d’expression ne peut exister sans responsabilité. Le professionnel est bien sûr borné par le code pénal, mais aussi par son contrat de travail qui récapitule le cadre de pensée du journal et sa déontologie. Cette charte comprenant les droits et devoirs des journalistes  (qui n’a d’ailleurs aucune valeur juridique) explique en grande partie les cas les plus courants d’autocensure en France.

Ne pas écrire un nom dans un compte rendu d’une instance judiciaire, ne pas dévoiler le visage ou le nom d’un terroriste… l’autocensure, qu’on pourrait appeler citoyenne, est aussi le résultat d’une réflexion produite par le journaliste et son rédacteur en chef.  

Des limites personnelles sont aussi à prendre en compte quand le journaliste ne se sent pas légitime à parler d’un sujet bien précis.

L’actualité et la liberté d’expression

Selon les journalistes invités au débat, s’autocensurer n’est pas forcément péjoratif. Au-delà de la censure imposée, qui dépend des contextes politiques et institutionnels de la région, la pratique peut s’expliquer par un devoir citoyen : “ne pas en parler pour ne pas blesser les principaux intéressés”.

Travailler l’actualité, c’est aussi être en proximité avec les acteurs décrits dans son journal. Pour Philippe Bonnet, journaliste pour la Nouvelle République, ce manque de distance entre émetteurs et acteurs, ne force pas toujours à l’autocensure et pousse justement le journaliste à être plus précis dans ses recherches et élaboration de son papier.

Mais que se passe-t-il lorsqu’on ne pratique pas d’autocensure ?

Pour lutter contre les infoxs et autres erreurs journalistiques, l’ancienne ministre de la culture Françoise Nyssen proposait en octobre dernier un projet de Conseil de la Déontologie de la presse. Sans être un organe de répression et de régulation, ce conseil de presse permettrait de vérifier la déontologie de l’information et pourrait être saisi par le public. Cette instance serait donc un médiateur, une aide à la réflexion et permettrait de réduire la méfiance entre public et média.

Charlène Gomez

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